Epousez-moi

Chapitre 1 : Vous vous battez bien

Minerva était assise derrière son bureau. Quelqu’un frappe à la porte.
-Entrez.
Filius apparu, portant une enveloppe.
-Je sais que mon moment est mal choisi mais… J’aimerai postuler pour être votre adjoint.
-Mon adjoint ? répéta-elle sans comprendre le sens de ses mots.
-Maintenant que Severus est… enfin, vous savez. Et que le Ministre a un cerveau, vous allez être la directrice de Poudlard. Et j’aimerai être votre adjoint, expliqua-t-il patiemment.
Elle le regarda en silence pendant quelques instant.
-Bien sur. dit-elle finalement.
Il s’approcha de son siège.
-Minerva ?
-Je suis désolée, Filius. Le sentiment est un peu étourdissant.
-Certainement. Être en sécurité pour la première fois depuis un demi-siècle. Ca fait bizarre.
Aucun d’eux ne dit mot pendant une minute ou deux.
-Vous vous battez bien, dit-il soudainement.
-Je vous demande pardon ?
-Quand nous avons combattu Vous-Savez-Qui. Je ne savais pas que vous étiez si douée.
-Je suis meilleure quand je n’ai plus rien qui me fasse tenir à la vie. Et je n’avais plus rien.
-Que voulez vous dire ?
-Je suis la seule qui reste.
Il la regarda incrédule. Elle ne lui parlait plus vraiment.
-Il a tué ma fille et son mari. Puis il a forcé mon fil à tuer son père. And il a tué mon fil tout de même. Quand j’ai pensé que mon petit-fils était mort aussi, je n’avais plus personne. Ca n’importait pas si je devais mourir. Je voulais simplement lui faire mal. Mourir en prenant ma revanche.
Filius ferma les yeux un instant tentant de comprendre chaque mots qu’elle avait dit.
-Je ne savais pas que vous étiez mariée !
-Personne ne le savait. Quel scandale, le directeur et son adjointe mariés !
-Vous étiez mariée avec le directeur ? Mais votre fils est…
-Severus. Oui. J’ai eu des jumeaux. C’est pourquoi j’avais autant hâte que Lily épouse James.
-Harry Potter est-il votre petit-fils ? Filius était particulièrement surpris à ce moment là.
-Oui. Mais il ne le sait pas. Pas plus que ne le savais sa mère ou son oncle. Il est ma seule famille maintenant.
-Je pensais que vous aviez des frères et sœurs…
-Oui… Mon frère avait trente ans de plus que moi et est mort il y a deux ans. Et ma sœur pensait qu’elle pouvait voler sans balais.
-Et elle pouvait ?
-Bien sur que non ! Elle est au cimetière depuis son premier essai.
-Je suis désolé.
-Vous ne pouviez pas savoir.
Ils restèrent dans un silence confortable.
-Epousez-moi.
-Pardon ? Elle le regarda particulièrement choquée.
-Vous êtes seule. (Je ne pense pas que vous allez dire à Potter la vérité en ce qui vous concerne.) Je ne veux pas rester célibataire pour le reste de ma vie. Si vous ne vous remariez pas vous allez porter le deuil pendant environs une décennie et votre temps sera passé. Comme le mien. Le monde est maintenant libéré de Seigneur Noir. Ce serait une honte de rester seule dans le désespoir.
-Que dirait Pomona ?
-Pomona ?
-Oui… N’êtes vous pas ensemble ?
Il rit.
-Vous avez écouté les rumeurs des étudiants, n’est-ce pas ?
Elle eu la délicatesse de rougir.
-Je ne peux pas dire que non.
-Et bien, non. Nous l’étions, il y a un ou deux ans, mais ça n’a pas duré… Elle fréquente Horace, maintenant.
-Cela ne me surprend pas en fait.
-Bien. Epousez-moi.
-Vous le voulez vraiment, n’est-ce pas ?
-Je ne le demanderais pas autrement.
-Bien. Je pense que nous pouvons faire un essai.

Minerva suivait sa routine du soir quand quelqu’un frappa à la porte. Elle enfila sa robe de chambre et ouvrit.
-Filius ? Que puis-je faire pour vous?
-Je me demandais… et bien puisque nous sommes en quelque-sorte fiancés, je me demandais si je pouvais partager votre chambre. Vous voyez, la mienne a était détruite durant la bataille.
-C’est pour cela que vous m’avait demandé en mariage ?
-Non ! Bien sur que non ! Je n’aurais jamais…
-Pure plaisanterie, Filius. Entrez.
Elle se recula pour le laisser passer. Il la suivit à l’intérieur de la chambre, s’asseyant sur le lit tandis qu’elle reprenait son activité initiale (se passer de la crème sur les mains).
-Je vois que vous êtes déjà a l’aise dans la chambre du directeur – directrice… Vous avez fait vite.
Elle se retourna et le regarda au dessus de ses lunettes.
-Filius, j’étais suffisamment intime avec le directeur précédent pour qu’il me fasse deux enfants. Je pense que je suis habituée à cette chambre.
Il rougit.
-J’avais pensé que c’est lui qui était allé dans vos quartiers.
-Ceux-ci sont plus confortable. Nous avions connecté ma cheminée à la sienne et le portrait me disait quand on avait besoin de moi. Nous allons devoir faire cela avec la votre.
Elle ôta ses lunettes et commença à lâcher ses cheveux.
-Vous voulez dire… vous seriez confortable avec le fait que j’emménage avec vous ?
-C’était le but de votre demande, non ? Ne pas rester seuls pour faire son deuil ou vieillir.
-Je présume.
Elle sourit.
-Vous savez ce qui sera le plus étrange ?
Tout en parlant elle avait ôté sa robe de chambre et se dirigeait vers le lit.
-Ma taille.
-Non. Pas tant que ça. Nous nous connaissons depuis un moment Filius.
-Quoi donc, alors ?
-Vous n’adorez pas les sucreries.

Minerva était allongée, éveillée dans son lit à côté de Filius qui dormait toujours. Elle pensait à son mari précédent. Au début de son histoire avec Albus, ils n’arrivaient pas à garder leurs mains pour eux. Bien sûr, cela s’était calmé avec les années – ils avaient même fait chambre à part lors de la présence d’Ombrage dans le château – mais cela avait toujours été passionné. Filius bougea près d’elle. Malgré le fait qu’elle était fiancée depuis plus de trois semaines avec lui, ils ne s’étaient encore pas même embrassés sur la joue. Ils partageaient un lit mais aucun des deux n’avait dépassé la ligne du milieu. Elle n’avait jamais posé sa tête sur son torse comme elle faisait occasionnellement avec Albus, pas plus qu’il ne s’était serré contre son dos comme Albus le faisait parfois. Bien sûr, il était bien plus petit, mais ce n’était pas le problème. Elle roula sur le côté pour observer son futur mari. Pourrait-elle être heureuse avec lui ? Il n’était plus très jeune, mais elle non plus. Il paraissait différent, mais leurs caractères se ressemblaient. Il était Serdaigle, mais elle avait eu un fils Serpentard. Ce ne serait pas pareil qu’avec Albus. Mais voulait-elle la même chose ? Est-ce qu’elle pourrait supporter que Filius lui tresse les cheveux après qu’elle les ait lavés ? Est-ce qu’elle pourrait supporter qu’il lui caresse discrètement la cuisse sous la table professorale ? Est-ce qu’elle pourrait supporter qu’il tente de la déconcentrer pendant qu’elle jouait aux échecs avec lui ? Est-ce qu’elle pourrait simplement jouer aux échecs avec lui comme si de rien ? Est-ce qu’elle pourrait supporter de ramasser les chaussettes de Filius dans la salle de bain ? Est-ce qu’elle pourrait supporter les cheveux blancs mêlé aux siens sur sa brosse ? Est-ce qu’elle pourrait supporter de l’entendre commenter son courrier professionnel ? Est-ce qu’elle pourrait accepter que ses doigts se posent aux mêmes endroits qu’Albus ? Est-ce qu’elle pourrait supporter que sa bouche suive le même chemin que celle d’Albus ? Non, elle ne pourrait pas le supporter. Elle soupira. Il ouvrit les yeux et la regarda :
-Vous savez, je ne suis pas fou de vous. Je vous aime juste.
Elle sourit.
-Ca suffira.
Elle l’embrassa.

Minerva et Filius triaient la paperasse dans son bureau. Comme elle devenait directrice, Poudlard avait besoin d’un professeur de Métamorphose. Son fiancé et elle avaient passé l’après-midi à regarder les différents CV et avaient décidé de s’arrêter pour l’instant. Ils rangeaient à présent les dossiers en deux catégories : « absolument pas » et « à voir ». Elle avait souvent fait cela avec Albus pour sélectionner un professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Ils commençaient habituellement ce travail un ou deux mois avant la fin de l’année scolaire, la malédiction sur cette position rendant ce travail routinier. Elle avait toujours la liste qu’ils avaient fait avant sa… elle ne voulait pas y penser. Elle fut tirée de ses réflexions quand la main de Filius frôla la sienne. Il sursauta comme s’il s’était brûlé. Son bond fut tel que son visage arriva au niveau de celui de sa future puis retomba – miraculeusement – sur sa pile de livre.
-Je suis désolé, Minerva ! Je suis vraiment désolé ! Je n’ai pas fait exprès.
Il sauta en bas de son piedestal. Elle prit sa main. Il n’osait pas la regarder.
-Du calme, Filius. Je ne suis pas une poupée en porcelaine. De plus, vous allez devoir me toucher dans trois semaines.
-Dans trois semaines… ?
-Notre mariage. Et notre nuit de noces.
Ils se sourirent timidement.

Le mariage avait été quelque chose de discret. Les professeurs de Poudlard, leurs conjoints et quelques bons élèves (le trio doré parmi d’autres) étaient les seuls invités. La mariée portait une robe en satin noir avec des rubans émeraude et le marié avait accepté de porter un petit smoking gris clair. Ils avaient dit leurs vœux puis ils avaient mangé. Ils ne s’étaient pas embrassé ni n’avait dansé pour ouvrir le bal. Ils n’avaient pas bu ni coupé le gâteau. Ils se trouvaient maintenant dans leur chambre, se regardant en attendant que quelque chose se passe. Elle portait un négligé bleu et argent tandis qu’il était toujours dans son costume. Soudain, elle dit :
-Comptez-vous me faire l’amour ?
-Je finirais bien par le faire, alors pourquoi se précipiter ?
-Pour rien. Mais quel est le problème avec maintenant ?
-Votre ex-mari me regarde.
Elle se retourna et éclata de rire. Dans le cadre derrière le lit se trouvait Albus avec un sac de citrons confits, prêt à apprécier le spectacle.
-Albus, dégagez de là !
-Pourquoi donc ? Vous n’avez rien à cacher que je n’ai pas vu avant.
Elle roula des yeux.
-Moi non, mais lui oui…
-Oh… Allez, Minerva…
-Qu’auriez-vous dit si Armando était venu durant notre nuit de noces ?
-Armando ne vous a jamais vue nue, ma chère.
-Je ne croirais pas cela si j’étais vous. Maintenant, dehors !
Albus la fixait avec des yeux ronds, sans toutefois bouger d’un pouce. Elle s’impatienta. Attrapant sa baguette, elle se tourna vers Filius.
-Donnez-moi votre chemise.
Son ton le défiait de dire un mot. Il s’abstint et se dévêtit pour accéder à sa requête. Elle prit le vêtement et bougea sa baguette. La chemise devint rideau et se suspendit devant le portrait.
-Maintenant, y-a-t-il autre chose, Filius ? Non ? Alors débarrassons-nous de ça.
Ce qu’ils firent.

Le lendemain dans la matinée, Minerva remplissait les formulaires statistiques tandis que Filius avait cours. Depuis une heure déjà, Albus tentait de la déconcentrer.
-Minerva…
Elle soupira.
-Minerva…
Elle posa sa plume, ferma les yeux, les rouvrit et la reprit.
-Minerva…
-Oh, pour l’amour de Merlin, Albus, taisez-vous !
-Je vous ai entendue, hier soir.
-Menteur, vous savez aussi bien que moi que je suis silencieuse, maintenant, faites de même !
Elle reprit sa plume et la trempa dans l’encre.
-Minerva…
Elle écrasa sa plume sur le bureau et respira lourdement. Elle en prit une autre mais avant d’avoir pu la tremper dans l’encre…
-Minerva…
Elle la serra au point de la casser.
-Minerva…
-Qu’est-ce qu’il y a encore, Albus ?
-Est-ce qu’il est meilleur que moi ?
Elle feula avant de se transformer et de sauter par la fenêtre.
-Ce n’était pas une question à poser à une femme, Albus, s’offusqua Dilys.
-Et franchement, je préfère continuer de l’imaginer vieille fille, s’écria Severus.
-Pourtant je dois avouer que j’aurais bien aimé assister à votre création, avoua Phineus.
-Ce n’est pas pour rien qu’ils ont attendu que vous soyez parti, commenta Dilys.
-Parce que vous avez fait ça ici ? se révolta Severus.
Albus s’était opportunément endormi dans son cadre.
-Oh, ils sont loin d’être les seuls, commença Armando, je me souviens…
-Je ne veux rien entendre ! s’exclama Severus.
Il disparut. La porte s’ouvrit peu après.
-Minerva ? demanda Filius
-Elle a sauté par la fenêtre, vous la trouverez dans le parc.
-Merci Dilys.
Il commença à sortir.
-Filius ! appela Albus.
-Oui ?
-Comment l’avez vous trouvée?
-Merveilleuse !

Minerva et son époux s’était retirés pour la nuit. Dans le but d’empêcher les précédents directeurs de venir dans leur chambre, Filius avait ensorcelé les portraits pour qu’ils gardent leurs occupants dans leurs cadres. Albus regardait tristement la porte.
-Vous êtes jaloux, Albus, constata Armando.
-Bien sur. Ma femme passe du bon temps dans les bras d’un autre homme…
-A-t-on vraiment besoin d’avoir cette discussion ? renifla Severus.
Personne ne l’écouta.
-Elle n’est plus votre femme. Vous vous êtes juré amour et fidélité jusqu’à ce que la mort vous sépare. Et vous, mon cher garçon, êtes très mort… l’apaisa Dilys.
-Il n’avait pas besoin de retourner le couteau dans la plaie en disant qu’elle était douée…
-Vous lui avez demandé, souvenez vous, soupira Armando.
- Pourrions-nous arrêter de parler de la vie sexuelle de ma mère ?
De nouveau, personne ne l’écouta.
-Au fait, Armando, demanda Albus. Elle m’a dit que vous l’aviez vu nue ?
Armando rougit.
-Oui, lorsqu’elle était étudiante. Je patrouillais dans les couloirs quand j’ai entendu des bruits bizarres provenant de la salle de bain des préfets. Un peu inquiet, j’ai ouvert la porte. Elle était assise sur le bord de la baignoire, nue.
-Et quels étaient les bruits étranges ? demanda Dilys.
-Elle faisait un concours de chant avec la sirène. Inutile de préciser que lorsqu’elle m’a vu, elle a crié puis m’a jeté un sort particulièrement douloureux.
Albus rit.
-Cependant, son physique en valait la peine, confessa Armando.
-Je pense vraiment que nous devrions arrêter de commenter les courbes de Minerva, coupa Dilys, Severus est au bord de l’apoplexie.
Severus jeta un regard assassin à Armando.
-Je ne vois pas le problème, renifla Phineus. Il ne savait pas que c’était sa mère jusqu’à sa mort. Ca ne devrait pas lui importer que nous disions qu’elle peut se tordre merveilleusement sous un homme, que ses seins sont fermes dans les mains…
-Vous ne le savez pas ! s’insurgea Albus
-J’ai vu comment ils allaient dans vos mains. Et son derrière…
-Je m’arrêterais ici, si j’étais vous… conseilla Armando.
-Elle ne crie peut-être pas, continua Phineus inconscient des regards qu’il recevait à la fois d’Albus et de son fils. Mais elle semble douée avec sa langue…
Il prit soudain feu. Tous les portraits regardèrent en direction des escaliers. Une Minerva légèrement échevelée et partiellement déshabillée se tenait devant la porte de sa chambre, la baguette pointée sur le portrait de Phineus.
-L’avantage d’être silencieuse c’est que mon ouïe est aussi bonne que d’habitude. Pourriez-vous maintenant être calme et laisser tomber ce sujet ?
-Bien sur, murmura Armando.
-Bien. Passez une bonne nuit.
Elle se retourna mais Albus l’appela.
-Vous ne l’avez pas tué, n’est-ce pas ?
-Bien sur que non. Je l’ai envoyé à Square Grimmauld.